Mais comment faites vous…
...pour ressentir avec tant de précision ce que vivent ces gens…
Fin de citation, merci monsieur le président…
Parce que vous en voulez un gag ???
Je suis engagé depuis 2001 au sein d’un mouvement associatif dont l’un des objets est la lutte contre les exclusions, et dont je suis en charge de la représentation politique du pôle « insertion économie sociale » aux niveaux départemental et régional…
Une action dans laquelle je me suis engagé pour les autres sans jamais imaginer qu’elle me concernerait un jours, sans jamais avoir imaginé que je parlerais un jour de mon compte en banque bloqué, de mon compteur EDF a 1000 watt, de mon téléphone coupé, ni surtout de ces soirées passées seul, où l’on va se coucher un peu plus tôt après avoir constaté qu’il ne reste que le paquet de philtres a café et la bouteille de grenadine pour le goûter des enfants dans le placard a bouffe… pas de fric sur moi, je ne peux pas en retirer non plus, de toute façon pas d’essence pour aller faire les courses avec le pognon que je n’ai pas. Je suis bloqué là jusqu'à ce que je reçoive un chèque d’un client qui se sera décidé à me régler sa dernière facture, peut être demain… En tout cas, pas de quoi se mettre à table ce soir, on va au moins essayer de dormir un peu…
C’est peut être ça la vraie différence aujourd’hui entre ceux qui loupent la dernière branche et moi… Moi j’attends un chèque, alors qu’eux savent qu’il n’arrivera pas…
Assemblée générale du mouvement le matin, suivie de l’inauguration en plus que grande pompe de nos nouveaux locaux, tous les « officiels » sont là accompagnés de leurs parasites estampillés « Armani » bouffeurs de petits fours et jouant des coudes pour être eux aussi sur la photo qui paraîtra dans le midi libre… Quand je vois qui plaide la cause des pauvres et des exclus, c’est une motivation supplémentaire à prendre d’assaut la tribune… Je préfère me défendre seul…
Arrive mon tour de parole et là j’assiste aux effets de la déflagration ressentie dans l’assistance… vite se lever, applaudir pour faire du bruit, éloigner ce spectre infâme que je viens de leur envoyer à la gueule, et qui pensent ils, n’arrivera jamais jusqu’à eux… S’ils pouvaient seulement savoir à quel point ça arrive vite
Alors je préfère les rassurer en leur laissant croire que je parle des autres… aujourd’hui je fais encore si bien illusion dans cet univers, pourraient ils seulement imaginer que cette misère humaine arrive si près d’eux jusqu’à leur serrer leurs mains a chevalière en trinquant au champagne… Et en entendant monsieur le président du mouvement, arborant tant qu’il peut sa jolie rosette rouge a la boutonnière, qui me demande comment je fais pour finalement connaître simplement les gens dont il parle depuis des dizaines d’années sans jamais les avoir approcher…
Si tu savais camarade président…
Se rendra t il compte un jour de ce que je suis et de l’histoire que je porte peu à peu en moi…
Qui lira verra…
C…